Réaliser une vision

Écriture et cinéma

Nathalie Hugues et Nicola Bergamaschi mènent des ateliers d’écriture et fabriquent des films avec les patients et les soignants, pour tisser au fil du temps une polyphonie où des perceptions différentes du réel façonnent une autre parole.

Un premier atelier d’écriture réalisé en 2023 à la Sociothérapie, à partir des textes de Daniil Harms, donne naissance au film Lapin Hyper Lent (34’). Puis à partir de 2024 commence la fabrication d’une série de films/portraits en 16mm, plongée poétique et sensorielle où chaque mot est le reflet d’un monde en soi.

MURMURER UN SECRET/REALISER UNE VISION/VISITER L’INVISIBLE

Série de films en 16mm dans le principe du téléphone sans fil
2024 - En cours

LAPIN HYPER LENT

Un film de Nathalie Hugues et Nicola Bergamaschi avec les valvériens
2024 - 34’ minutes
Production Mujo - Avec le soutien de la DRAC PACA, du Polygone étoilé et de la Sociothérapie du Centre Hospitalier Valvert

Avec les poèmes de Franck, Denis, Amine, Sabri, Gilles, Joseph
Et la participation de Cyrille, Adrien, Nicolas, Martine, Pascale, Aurélie, Antoine, Sacha, Solène et l’amie de Solène

Et aussi de l’équipe de la Sociothérapie, Philippe Solinga, Karine Balland, Priscilla Henninot, Gilles Karcenty Caroline Orsucci, Nicolas Mleczak

Étalonnage
Matthieu Weil

Mixage
Victor Donati

Nous sommes venus à l’hôpital psychiatrique Valvert à Marseille avec des textes de Daniil Harms. On les a lus tous ensemble avec les patients et les soignants. Pendant que le lapin vivait au sens actif on a écrit des poèmes. Certains ont parlé poétiquement, et nous avons fait un film-poème, entre la bouche, la table et le ciel.

Présentation par Safia Benhaïm et Dounia Wolteche-Bovet, programmatrices aux Etats généraux du film documentaire de Lussas

Le film commence avant le générique : nous sommes accueillis par une longue litanie d’un Valvérien, où la parole semble danser, jouer, jouir de liens neufs, inédits, entre les mots, libérée de son habituel rôle d’esclave du réel ; litanie adressée à l’un·e des réalisateur·rices, et partagée avec nous : comme pour nous inviter à entrer dans le territoire inventé (ou révélé) par le film.
 
Comme Alice – mais ici le lapin qui nous accueille après le générique est tranquille, « hyper lent » – nous basculons dans cet autre territoire. Un territoire où la parole qui circule de l’un à l’autre devient fluide jouissif, potion magique qui permet de voir ensemble, de jouer ensemble, de rire et rêver ensemble, entre des êtres qu’habituellement le langage sépare du commun, du social. L’image elle-même semble contaminée par cette langue nouvelle, et tout d’un coup, de simples chaises en plastiques semblent nous regarder. À Valvert et par le film s’invente en commun une langue sans loi, de mots et d’images. Ce qu’accomplissent les êtres qui ensemble fabriquent le film, c’est la vieille et renouvelée puissance magique du langage poétique : nous faire voir autrement, nous relier au monde, et aux autres, malgré tout.